Accéder au contenu principal

Les Trois Derniers Problèmes des Alpes Cervin, Grandes Jorasses, Eiger

 

Comparatif

Les trois derniers problèmes des Alpes, à savoir les faces nord du Cervin, des Grandes Jorasses et de l'Eiger, représentent des défis majeurs pour les alpinistes confirmés, avec des caractéristiques techniques et logistiques distinctes qui exigent une préparation approfondie en escalade mixte, une excellente condition physique et une gestion experte des risques objectifs.


En termes d'altitude au sommet, le Cervin culmine à 4478 mètres, ce qui en fait le plus élevé des trois, suivi des Grandes Jorasses à 4208 mètres et de l'Eiger à 3967 mètres. Cette différence d'altitude influence notamment l'acclimatation nécessaire, avec un effet plus prononcé sur le Cervin en raison de vents forts et d'une exposition accrue à l'hypoxie lors des ascensions prolongées.
Les hauteurs des parois varient significativement : la face nord de l'Eiger s'élève sur environ 1800 mètres de dénivelé, ce qui la rend la plus longue et la plus épuisante, souvent parcourue sur une distance encore plus étendue en raison de ses traversées. En comparaison, les faces nord du Cervin et des Grandes Jorasses mesurent chacune autour de 1200 mètres, offrant des ascensions plus compactes mais tout aussi intenses en termes de technicité.


Les difficultés techniques sont élevées pour les trois, avec un mélange de rocher, glace et neige qui nécessite une maîtrise des cotations autour de M5 en mixte et WI5 en glace, ainsi qu'une rapidité dans les manipulations de corde. Sur l'Eiger, la voie classique Heckmair implique des sections de neige alternant avec du rocher compact et raide, grimpé en crampons, demandant une endurance pour des journées de 12 heures ou plus. Le Cervin, via la voie Schmidt, présente un rocher d'orthogneiss moins solide, avec peu de fissures positives pour les protections, rendant les placements délicats et les chutes potentiellement graves. Les Grandes Jorasses offrent une variété de voies : des itinéraires mixtes comme le Linceul, Colton-MacIntyre ou la combinaison Croz-Slovène, souvent en hiver ou au printemps, et une voie plus rocheuse comme le Cassin sur l'éperon Walker en été, sur du granite avec dièdres et fissures bien définis, permettant une progression plus assurée quand les conditions sont bonnes.


Les dangers objectifs sont communs aux trois faces, mais avec des nuances : l'Eiger est particulièrement exposé aux chutes de pierres, ce qui en fait une "mur de la mort" potentielle, surtout en conditions instables, et nécessite une ascension rapide pour minimiser l'exposition. Le Cervin ajoute des vents violents qui affectent l'adhérence de la neige sur le rocher, rendant les conditions plus imprévisibles, tandis que les Grandes Jorasses, avec leurs éperons proéminents, captent l'humidité des tempêtes, transformant la neige en glace compacte, mais exposent aussi à des avalanches localisées. Pour tous, une bonne fenêtre météo réduit ces risques, et une équipe doit être capable de grimper avec des protections éparses sans compromettre la sécurité.
Les approches diffèrent en fonction des massifs. Pour l'Eiger, dans les Alpes bernoises, l'accès se fait souvent depuis Grindelwald via le train jusqu'à Eigergletscher ou Jungfraujoch, puis une descente vers la base de la face ; il n'y a pas de refuge directement au pied, et les bivouacs se font sur la paroi, comme au Bivouac de la Mort ou au Nid d'Hirondelle, avec une approche totale de quelques heures en terrain glaciaire. Le Cervin, entre Suisse et Italie, s'approche depuis Zermatt via Schwarzsee ou le téléphérique, puis une marche vers la base de la face nord, sans refuge dédié, impliquant souvent un bivouac ; la descente peut se faire par l'arête Hörnli, longue et complexe surtout au printemps ou en hiver. Les Grandes Jorasses, dans le massif du Mont-Blanc, sont accessibles depuis Chamonix via le train de Montenvers, puis une traversée de la Mer de Glace jusqu'au refuge de Leschaux (environ 3-4 heures), ou depuis l'Italie via le refuge Boccalatte (3,5 heures, 1200 mètres de dénivelé) ; la descente sud vers Val Ferret prend 6-7 heures en terrain mixte.
Les durées d'ascension typiques varient : l'Eiger se fait souvent en deux jours très longs avec bivouac, bien que possible en une journée pour les plus affûtés ; le Cervin en 2-3 jours, avec une descente exigeante ; les Grandes Jorasses en 1-2 jours, par exemple 10 heures pour l'éperon Walker plus descente. Les saisons optimales dépendent des voies : printemps ou automne pour l'Eiger et le Cervin afin d'avoir de la neige et de la glace stables, évitant les chutes de pierres estivales ; les Grandes Jorasses sont polyvalentes, avec hiver/printemps pour le mixte et été pour le rocher. Pour tous, une préparation inclut des ascensions préalables comme des couloirs de glace, et ascensions classiques, avec un accent sur la vitesse et l'autonomie .





Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Philosophies et mystiques cachées chez les alpinistes des trois derniers Problèmes des Alpes

La Trilogie Alpine : Le Cœur Mystique de l'Alpinisme ​Le Cervin, l'Eiger et les Grandes Jorasses. Pour le monde, ce sont des sommets légendaires ; pour l'alpiniste, elles sont les « Trois Derniers Problèmes des Alpes ». Ces trois faces nord ne sont pas de simples murs de pierre et de glace ; elles sont des miroirs, reflétant la pureté de l'ambition et les profondeurs insondées de l'âme humaine. Les conquérir, c'est se soumettre à un rite initiatique, une confrontation brutale avec l'essentiel. ​Le Défi Brutal : Dangers et Engagement Total ​Ces trois versants septentrionaux se dressent comme des cathédrales d'ombre, où le soleil ne s'aventure que timidement. Le défi est quintuple : ​La Verticalité et la Glace : Elles exigent une technique irréprochable, où chaque coup de piolet, chaque crampon doit être posé avec une précision chirurgicale sur un mélange instable de rocher friable et de glace bleue. ​L'Hauteur : Elles sont les plus hautes muraille...

Première Trilogie Alpine en hivernale

Ivano Ghirardini : le premier à enchaîner les trois faces nord en hiver Les faces nord du Cervin (Matterhorn, voie Schmidt), des Grandes Jorasses (éperon Croz ou Walker) et de l’Eiger (voie Heckmair), ces "trois derniers problèmes des Alpes", représentent des défis historiques non seulement en solitaire, mais aussi en hiver, où le froid extrême, les jours courts, la glace dure et les avalanches transforment ces parois en véritables épreuves de survie. Si les premières ascensions en cordée datent des années 1930 en été, les hivernales émergent dans les années 1960, mais toujours de manière isolée. Avant Ivano Ghirardini en 1977-1978, aucun alpiniste n’avait accumulé ces trois faces nord en hiver, ni en solo ni en cordée. Cela signifie qu’aucun individu n’avait gravi l’ensemble de la trilogie sous des conditions hivernales, même avec des partenaires différents pour chaque ascension. Après vérification approfondie des annales de l’alpinisme, cette affirmation tient : Ghirardini ...

Début de l'escalade et alpinisme pour des raisons militaires

  Les grimpeurs de Sphacterie La bataille de Sphactérie, qui s'est déroulée en 425 av. J.-C. pendant la guerre du Péloponnèse, est un épisode clé relaté par Thucydide dans son ouvrage Histoire de la guerre du Péloponnèse (Livre IV, chapitres 29-40). Cet événement marque une victoire athénienne significative contre les Spartiates, réputés pour leur invincibilité, et illustre l'importance de la stratégie et de l'adaptabilité dans la guerre. Contexte selon Thucydide Thucydide décrit comment, après la bataille de Pylos, une garnison spartiate d'environ 420 hommes, dont 120 Spartiates (l'élite de Sparte), s'est retrouvée isolée sur l'île de Sphactérie, près de la côte de Messénie. Les Athéniens, sous la direction de Démosthène et de Cléon, ont établi un blocus pour affamer les Spartiates. Cependant, les Spartiates résistaient, et les Athéniens, pressés par le temps et la difficulté logistique, cherchaient une solution pour en finir rapidement. L'exploit des g...