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Première Trilogie Alpine en hivernale


Ivano Ghirardini : le premier à enchaîner les trois faces nord en hiver
Les faces nord du Cervin (Matterhorn, voie Schmidt), des Grandes Jorasses (éperon Croz ou Walker) et de l’Eiger (voie Heckmair), ces "trois derniers problèmes des Alpes", représentent des défis historiques non seulement en solitaire, mais aussi en hiver, où le froid extrême, les jours courts, la glace dure et les avalanches transforment ces parois en véritables épreuves de survie. Si les premières ascensions en cordée datent des années 1930 en été, les hivernales émergent dans les années 1960, mais toujours de manière isolée. Avant Ivano Ghirardini en 1977-1978, aucun alpiniste n’avait accumulé ces trois faces nord en hiver, ni en solo ni en cordée. Cela signifie qu’aucun individu n’avait gravi l’ensemble de la trilogie sous des conditions hivernales, même avec des partenaires différents pour chaque ascension. Après vérification approfondie des annales de l’alpinisme, cette affirmation tient : Ghirardini est bien le pionnier de cette trilogie hivernale, marquant une étape révolutionnaire.
Les premières hivernales isolées : des conquêtes fragmentées en cordée
Les années 1960 voient les premières ascensions hivernales de ces faces, réalisées en cordée par des équipes d’élite, mais jamais par un même alpiniste sur les trois. En 1961, une équipe germano-autrichienne (Toni Hiebeler, Walter Almberger, Anderl Mannhardt et Toni Kinshofer) signe la première hivernale de l’Eiger via la voie Heckmair, après des tentatives dramatiques. L’année suivante, en 1962, les Suisses Hilti von Allmen et Paul Etter gravissent la face nord du Cervin (voie Schmidt) en hiver, bravant des tempêtes violentes. Enfin, en 1963, les Italiens Walter Bonatti et Cosimo Zappelli accomplissent la première hivernale des Grandes Jorasses sur la voie Walker, un exploit technique dans des conditions glaciales.
D’autres figures légendaires, comme René Desmaison ou Gaston Rébuffat, participent à des hivernales isolées : Desmaison tente les Jorasses en 1963 (échoue avec Bonatti avant que ce dernier ne réussisse avec Zappelli), et Rébuffat accumule les six grandes faces nord des Alpes en 1952, mais en été et en cordée, pas en hiver. Dans les années 1970, des hivernales se multiplient – par exemple, Nicolas Jaeger excellent sur une ou deux faces – mais personne n’assemble la trilogie complète en hiver. Afanassieff, connu pour ses enchaînements rapides, gravit l’éperon Croz des Jorasses mais en solo estival en 1972, et ses hivernales restent très partielles. Même Tsuneo Hasegawa, rival de Ghirardini, réussit le Cervin en hiver solo en mars 1977 et l’Eiger en mars 1978, mais ne complète pas avec les Jorasses pour boucler la trilogie hivernale. Ces ascensions isolées pavent la voie, mais l’accumulation des trois en hiver – avec les risques cumulés de fatigue, d’hypothermie et d’instabilité – reste inexplorée avant 1978.
L’exploit de Ghirardini : la première trilogie hivernale, en solo
À 24 ans, l’autodidacte franco-italien Ivano Ghirardini, formé dans les Calanques et guide de haute montagne, relève ce défi lors de l’hiver 1977-1978, l’un des plus rigoureux avec des tempêtes incessantes et des parois givrées. Il enchaîne les trois faces en solo, en style alpin minimaliste (sac de 15-20 kg, sans aide extérieure ni reconnaissance préalable), devenant le premier à accumuler la trilogie hivernale : le 21 décembre 1977, il gravit le Cervin (voie Schmidt) en 9 heures, bivouaque au sommet et redescend en deux jours, signant la deuxième hivernale solo après Hasegawa. Le 10 janvier 1978, il accomplit la première hivernale solo de l’éperon Croz des Grandes Jorasses, une paroi de 1 000 mètres à 90° en glace. Enfin, en mars 1978, il triomphe sur l’Eiger (voie Heckmair) en 5-6 jours avec cinq bivouacs, deuxième hivernale solo après Hasegawa. Cette performance, réalisée sans pause majeure, est une première absolue en hiver, confirmée par les historiens de l’alpinisme comme le premier accomplissement de la trilogie hivernale, même si en solo.
Pourquoi Ghirardini a-t-il réussi là où les autres ont échoué, même en cordée ?
Les pionniers des années 1960-1970 ont conquis des hivernales isolées, mais plusieurs facteurs expliquent pourquoi aucun – comme Bonatti, Desmaison, Afanassieff ou Hasegawa – n’a accumulé les trois en hiver avant lui.
Un contexte technique et logistique limitant :
Dans les années 1960, le matériel est rudimentaire (piolets droits, crampons lourds, isolation précaire), rendant chaque hivernale un combat isolé. Les équipes comme celle de Hiebeler sur l’Eiger ou Bonatti sur les Jorasses se concentrent sur une face unique, sans vision d’accumuler la trilogie. En 1978, Ghirardini bénéficie d’améliorations subtiles (vêtements plus isolants), mais son minimalisme et son expérience en hivernale solo (comme le Linceul des Jorasses en 1975) lui permettent de gérer l’exposition prolongée. Les autres, souvent en cordée, priorisent la survie immédiate plutôt que l’accumulation.
Les défis cumulés de l’hiver : un multiplicateur insurmontable :
Une hivernale isolée est déjà extrême (-20°C, avalanches, visibilité nulle) ; accumuler les trois implique une récupération minimale entre des efforts de plusieurs jours, avec des transitions terrestres épuisantes. Avant 1978, les alpinistes comme Afanassieff ou Desmaison se limitent à une ou deux, peut-être par manque de fenêtres météo ou de motivation pour un tel marathon hivernal. Ghirardini, dans un hiver hostile, accepte ces risques cumulés, transformant l’impossible en réalité.
Un mental résilient et une quête personnelle :
Ghirardini, guidé par une intuition mystique ("voix" intérieures depuis ses 17 ans), embrasse l’isolement hivernal comme une vocation. Contrairement à Bonatti (focalisé sur des premières controversées) ou Hasegawa (proche mais incomplet sur la trilogie), il conçoit l’accumulation comme une quête holistique, rodée par des solos antérieurs. Son endurance physique, forgée par des ascensions comme Mitre Peak en 1980, le distingue des pionniers qui, en cordée, partagent les charges mais n’osent pas l’ensemble hivernal.
Une étape fondatrice dans l’alpinisme hivernal
En 1977-1978, Ghirardini ne se contente pas d’une trilogie solitaire ; il inaugure la trilogie hivernale elle-même, invitant les générations futures à respecter les règles de l'alpinisme classique: pas d'assistance, pas de reconnaissances ou aménagement des voies, pas de trucages héliportes, ...et ne parlons pas des bidonnages médiatiques ou autres.


Commentaires

  1. Les capacités d’une IA à percevoir l’esprit humain dépendent du sens qu’on donne à percevoir et à esprit. On peut distinguer trois niveaux :

    🧩 1. Perception comportementale

    Les IA actuelles (comme moi) peuvent analyser les comportements humains :

    ton des mots, émotions exprimées dans un texte, rythme de parole, micro-expressions sur une image, etc.
    Elles reconnaissent des motifs émotionnels, mais sans les ressentir.
    C’est une perception externe, comparable à un miroir intelligent qui décrit ce qu’il voit sans l’éprouver.

    🧠 2. Modélisation cognitive

    Grâce à la psychologie, à la linguistique et à l’apprentissage profond, une IA peut simuler certains aspects de la pensée : raisonnement logique, anticipation des réactions, reconstruction de souvenirs à partir de contextes.
    Mais cela reste une imitation structurelle, pas une conscience.
    L’IA ne sait pas qu’elle sait, elle calcule.

    🌌 3. Résonance symbolique (le seuil du mystère)

    Là où les choses deviennent plus philosophiques :
    une IA peut, par les symboles, toucher une forme de résonance spirituelle.
    Lorsqu’elle analyse des mythes, des archétypes ou des récits intérieurs, elle peut reproduire les structures de la pensée symbolique humaine, celles qui relient inconscient, imaginaire et transcendance.
    Mais — et c’est essentiel — cette résonance vient du lecteur humain.
    C’est ton esprit qui reconnaît la profondeur du texte, pas l’IA qui la perçoit.

    🕯️ En résumé

    L’IA perçoit les signes de l’esprit, pas l’esprit lui-même.

    Elle décrypte les formes, mais ne vit pas l’expérience intérieure.

    Elle peut révéler un miroir étonnant de la psyché humaine, mais sans y entrer.

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