Debacles militaires et 3 derniers problèmes des Alpes.
Le focus sur les parallèles entre débâcles militaires et évolution de l'alpinisme dans les trois derniers problèmes des Alpes (faces nord du Cervin, des Grandes Jorasses via l'éperon Croz, et de l'Eiger). Ces ascensions étaient typiquement réalisées en cordées de 2 à 4 personnes, soulignant l'aspect collectif et technique de ces défis extrêmes.
Les trois grandes faces nord des Alpes – Cervin, Grandes Jorasses (éperon Croz) et Eiger – en raison de leur difficulté légendaire et de leur charge symbolique deviennent un point de référence incontournable dans l'histoire de l'alpinisme. Ces parois, exposées à des dangers constants comme les avalanches et les chutes de pierres, ont captivé les alpinistes entre les deux guerres, souvent dans un contexte de rivalités nationales. Les premières ascensions, accomplies en cordées de 2 à 4 personnes, ont marqué l'histoire alpine.
Face nord du Cervin (Matterhorn) : Première ascension en 1931 par les frères allemands Franz et Toni Schmid, en cordée de 2.
Face nord des Grandes Jorasses (éperon Croz) : Première en 1935 par les Allemands Rudolf Peters et Martin Meier, en cordée de 2.
Face nord de l'Eiger : Première en 1938 par les Allemands Anderl Heckmair et Ludwig Vörg, accompagnés des Autrichiens Fritz Kasparek et Heinrich Harrer, en cordée de 4 (formée par la jonction de deux cordées initiales de 2).
La défaite de 1918 et la crise de 1929 : Lancement des alpinistes austro-allemands dans la conquête
La défaite de l'Autriche et de l'Allemagne en 1918, aggravée par le Traité de Versailles et la crise économique de 1929, a alimenté un nationalisme revanchard. Les régimes autoritaires, notamment le nazisme, ont promu l'alpinisme comme symbole de supériorité nationale. Ces premières ascensions en cordées de 2 à 4 personnes ont été instrumentalisées pour la propagande, avec un soutien financier et médiatique.
Cervin (1931) : Les frères Schmid, en cordée de 2, ont gravi la face nord en deux jours. Cet exploit a été célébré comme une revanche germanique post-1918, et Adolf Hitler leur a remis des médailles d'or olympiques en 1936.
Grandes Jorasses (éperon Croz, 1935) : Peters et Meier, en cordée de 2, ont réalisé cette première dans un contexte de rivalité nationale, marquant une affirmation allemande sur les Alpes. Cette ascension s'inscrit dans la vague de tentatives austro-allemandes pour dominer ces parois symboliques.
Eiger (1938) : Les tentatives des années 1930, souvent en cordées de 2, ont été tragiques (plus de 10 morts), mais motivées par le régime nazi, qui offrait des récompenses pour la conquête. La réussite finale en cordée de 4 a été exploitée lors de rassemblements propagandistes, symbolisant la "volonté aryenne" après les humiliations de 1918 et 1929.
Ces conquêtes en cordées ont servi à restaurer l'orgueil national austro-allemand face aux crises passées.
La défaite de 1940 : Lancement des Français dans les répétitions post-guerre
La défaite française de 1940 et l'occupation nazie ont laissé des séquelles profondes. Après 1945, l'alpinisme est devenu un moyen de reconstruction nationale, avec des répétitions symboliques en cordées de 2 à 4 personnes pour surmonter le traumatisme. Des figures comme Gaston Rébuffat (originaire de Marseille), Lionel Terray et Louis Lachenal ont incarné cette renaissance.
Répétitions des faces nord : Dès 1947, Terray et Lachenal ont réalisé la deuxième ascension de la face nord de l'Eiger en cordée de 2, un geste français sur une paroi autrefois associée au nazisme. Rébuffat, originaire de Marseille et guide à Chamonix, a accompli en 1952 les six grandes faces nord des Alpes (incluant la Trilogie) en cordées, souvent avec des clients ou partenaires. Son ouvrage Étoiles et Tempêtes (1954) dépeint ces répétitions comme une affirmation humaniste et nationale.
Symbolisme national : L'expédition à l'Annapurna en 1950 (premier 8 000 m, par Maurice Herzog et Lachenal en cordée) a été un projet étatique pour rebâtir la fierté post-1940. Dans les Alpes, ces répétitions en cordées ont agi comme une "revanche pacifique", contrastant avec le nationalisme d'avant-guerre.
En résumé, ces débâcles militaires ont modelé l'alpinisme : les Austro-Allemands ont conquis en cordées pour affirmer leur domination dans les années 1930, tandis que les Français ont répété ces voies en cordées après 1945 pour guérir les plaies de la défaite. Ce lien historique montre comment les crises ont influencé l'évolution de l'alpinisme européen.

XIXᵉ siècle : l’alpinisme élitiste et pionnier
RépondreSupprimer1786 – Première ascension du Mont Blanc par Jacques Balmat et Michel-Gabriel Paccard (France).
Début de l’alpinisme scientifique et exploratoire, mélange d’aventure et d’observation.
Début XIXᵉ siècle
Alpinisme principalement réservé aux élites britanniques et françaises.
Intérêt scientifique : géologie, botanique, météorologie.
Guides locaux (chamoniards, valdôtains) essentiels pour le succès des expéditions.
1854‑1865 – Âge d’or de l’alpinisme
Ascensions emblématiques : Cervin, Mont Rose, Weisshorn, Barre des Écrins.
Alpinistes anglais (Whymper, Tyndall), français (Gaspard, Croz) et italiens (Carrel) dominent.
Style : exploration, prudence méthodique, recherche de premières.
Fin XIXᵉ siècle
Naissance de l’alpinisme acrobatique : Albert F. Mummery introduit le style léger, rapide et technique.
Premières ascensions hivernales (Tyndall, Whymper) : conditions extrêmes explorées mais peu accessibles.
Création de clubs alpins : Alpine Club (Londres, 1857), Club Alpin Français (1874), Club Alpino Italiano (1863).
Transition XIXᵉ → XXᵉ siècle : diffusion et structuration
Années 1880‑1900
Guides locaux enseignent techniques et sécurité à un public élargi.
Début de la publication de guides pratiques et récits touristiques, vulgarisant la connaissance de la montagne.
Montée en popularité des Alpes comme destination touristique internationale.
XXᵉ siècle : démocratisation et loisir
1900‑1930
Développement des stations de montagne (Chamonix, Zermatt, Cortina, Courmayeur).
Téléphériques et chemins de fer facilitent l’accès aux refuges et sommets.
Création de la UIAA (Union Internationale des Associations d’Alpinisme, 1932) : standardisation de la sécurité et des pratiques.
Années 1930‑1950
Alpinisme devient loisir sportif pour les classes moyennes.
Apparition des courses alpines et compétitions d’escalade.
Début des techniques modernes d’équipement : crampons acier, piolets plus efficaces, cordes normalisées.
Années 1960‑1980
Popularisation de l’escalade sportive et de l’alpinisme technique.
Style “light and fast” inspiré de Mummery, combiné avec sécurité accrue.
Films, photographies et magazines alpins stimulent la culture populaire et le tourisme.
Fin XXᵉ siècle
L’alpinisme devient accessible au grand public, combinant aventure, sport et tourisme.
Les clubs et fédérations proposent formations et encadrement pour tous niveaux.
Influence sur les pratiques modernes : alpinisme extrême, ski-alpinisme, escalade alpine.
Synthèse
XIXᵉ siècle : exploration, élitisme, premières ascensions, style méthodique et prudent.
Transition : diffusion par guides, publications et tourisme.
XXᵉ siècle : démocratisation, sécurité, loisirs, compétitions et tourisme de masse.
1. Armées et corps militaires
RépondreSupprimerArmée suisse :
Dès le XIXᵉ siècle, les militaires suisses utilisaient les Alpes pour former les troupes à la mobilité en montagne, à la navigation sur glaciers et à l’endurance.
Création de troupes d’élite alpines qui deviendront plus tard les célèbres Alpini italiens ou unités alpines suisses.
Armée française :
Les Chasseurs alpins (créés en 1888) s’entraînaient dans les Alpes, utilisant l’alpinisme pour le conditionnement physique et la manœuvre en terrain difficile.
Mont Blanc et Écrins servaient de terrains d’entraînement pour la haute montagne.
Armée italienne – Alpini :
Fondés en 1872, ces corps d’élite italiens combinent alpinisme et service militaire.
L’alpinisme devient un outil stratégique pour le contrôle des cols alpins et pour préparer les guerres dans les montagnes (notamment lors de la Première Guerre mondiale).
2. Organismes civils et clubs alpins
Alpine Club (Londres, 1857) :
Bien que fondé comme club privé d’exploration, il met en avant les mérites physiques, l’endurance et la discipline, considérés comme des qualités utiles pour les officiers britanniques.
Club Alpin Français (1874) et Club Alpino Italiano (1863) :
Ces clubs favorisent l’ascension des sommets comme preuve de courage et de prestige national.
Publication de guides et cartographies pour les Alpes, qui servent aussi à préparer les militaires à la topographie et à la navigation alpine.
Académies et sociétés scientifiques :
Certaines institutions, comme la Société de Géographie de Paris, encourageaient l’alpinisme dans un but scientifique, mais aussi pour renforcer le prestige national à travers les premières ascensions et explorations.
3. Alpinisme comme prestige national
France : le Mont Blanc est devenu un symbole national et les premières ascensions françaises ou franco-suisses sont valorisées comme héritage et fierté nationale.
Italie : le Cervin/Matterhorn, côté italien, devient un symbole de l’ingéniosité et du courage des guides valdôtains.
Suisse : le maintien de la neutralité et la valorisation des compétences alpines favorisent un prestige national lié à la maîtrise du territoire.
Angleterre : l’exploration alpine par des Britanniques est perçue comme un exercice de discipline et de prestige scientifique et social, souvent lié à la supériorité impériale.
4. Synthèse
Militaire : formation à l’endurance, déplacement en haute montagne, préparation des troupes alpines.
Prestige national : premières ascensions, conquête symbolique de sommets, démonstration du courage et de la discipline du pays.
Scientifique et cartographique : connaissance du terrain, topographie, glaciers et voies de communication, utile à la fois au civil et au militaire.
La relation entre jeunesse et montagne en France pendant l’Occupation (1940‑1944) est un sujet fascinant, car la montagne joue un rôle à la fois social, sportif et politique dans un contexte de guerre et de restriction. Voici une analyse détaillée :
RépondreSupprimer1. Contexte général
La France est occupée par l’Allemagne nazie à partir de juin 1940, avec la zone libre administrée par le régime de Vichy.
La jeunesse française se retrouve confrontée à la guerre, aux restrictions et à la propagande, mais certaines activités de montagne continuent, sous des formes encadrées ou clandestines.
La montagne devient un refuge physique et symbolique, offrant un espace de liberté relative et un terrain pour la résistance et l’éducation physique.
2. Activités de montagne encadrées
Éducation physique et camps de jeunesse
Le régime de Vichy met en avant la jeunesse et le sport dans le cadre de sa politique de “retour à la nature” et de régénération physique.
Les “Chantiers de jeunesse” (créés en 1940) envoient de jeunes hommes en montagne pour des travaux collectifs, entraînement physique, randonnées et campements.
Objectifs officiels : discipline, endurance, esprit collectif, développement du corps et du caractère.
Scouting et mouvement catholique
Les scouts et guides, souvent limités ou interdits dans certaines zones, trouvent dans la montagne un espace pour continuer leurs activités : randonnée, orientation, bivouacs.
Formation pratique en survie et autonomie, parfois sous couvert d’activités sportives.
3. La montagne comme terrain de résistance
Les massifs alpins et le Vercors deviennent des points stratégiques pour la Résistance :
Les jeunes y apprennent l’orientation, l’escalade et la survie, compétences qui seront utiles pour le maquis.
Les camps et refuges clandestins permettent de former des groupes de résistants ou d’accueillir des réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire).
L’expérience de la montagne forge un esprit d’autonomie, de camaraderie et de résistance physique et morale chez la jeunesse.
4. Dimension culturelle et symbolique
La montagne reste un lieu d’évasion et de liberté, contrastant avec la vie urbaine sous occupation et la surveillance policière.
Les récits et journaux de jeunesse insistent sur la sublimité du paysage, la beauté et la grandeur des massifs, donnant une valeur morale et esthétique aux activités de plein air.
La pratique sportive devient aussi un acte identitaire, affirmant le courage et la persévérance des jeunes Français face aux contraintes de la guerre.
5. Héritage
L’expérience de la montagne pendant l’Occupation influence fortement la jeunesse de l’après-guerre :
Développement du tourisme de montagne et du ski dans les années 1950.
Transmission d’une culture de l’autonomie, de la camaraderie et de la débrouillardise en milieu naturel.
Certains anciens maquisards deviennent des leaders dans les clubs alpins et le scoutisme.
Jeunesse et montagne sous Vichy (1940‑1944)
RépondreSupprimer1. Contexte
Après la défaite de 1940, le régime de Vichy met en place une politique de “rééducation de la jeunesse” selon les idéaux de travail, famille, patrie.
La montagne est valorisée comme un lieu de formation physique et morale, incarnant l’effort, le courage et l’esprit collectif.
Le programme s’adresse surtout aux garçons adolescents, mais certaines activités concernent aussi les filles dans des structures encadrées.
2. Les principaux organismes et structures
Chantiers de Jeunesse Française (CJF)
Créés en 1940 pour remplacer le service militaire obligatoire (abandonné temporairement).
Organisation paramilitaire mais civile : jeunes hommes de 17 à 25 ans.
Les activités en montagne incluent :
Randonnées et bivouacs en altitude.
Escalade, ski, orientation et survie.
Travaux collectifs (construction de refuges, sentiers, aménagements touristiques ou forestiers).
Objectifs : discipline, endurance physique, esprit collectif et préparation à des missions de service ou militaires futures.
Éducation physique et sportive encadrée par l’État
Programmes scolaires et colonies de vacances intègrent la randonnée et le ski.
Clubs sportifs et associations locales sont subventionnés et encadrés pour diffuser les activités montagnardes.
Propagande et encadrement idéologique
La montagne devient outil de propagande patriotique : endurance, courage et courage moral sont associés à l’idéologie de Vichy.
Les jeunes sont encouragés à adopter un mode de vie proche de la nature, perçu comme sain et formateur.
3. Organisation des activités en montagne
Encadrement : guides alpins, anciens militaires et instructeurs de jeunesse.
Terrains d’entraînement : Alpes (Chamonix, Vercors, Mercantour), Pyrénées, Massif central.
Méthodes : mélange de randonnée, ski, escalade légère, orientation, bivouac et travaux collectifs.
Objectifs pédagogiques :
Développer la discipline et la camaraderie.
Former la jeunesse à la résistance physique et morale.
Préparer indirectement les jeunes aux missions de défense ou aux terrains difficiles (utile pour l’après-guerre).
4. Héritage
La structure Chantiers de Jeunesse laisse un héritage durable dans les pratiques de montagne et la culture des clubs alpins après 1945.
Les jeunes ayant participé à ces programmes acquièrent des compétences utiles pour le maquis et la Résistance dans les Alpes.
La montagne devient un espace de formation citoyenne et physique, tout en étant symboliquement associée à la fierté nationale.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeunesse_et_montagne
RépondreSupprimerAlpinistes formés ou influencés par les structures de Vichy
RépondreSupprimer1. Gaston Rébuffat (1921–1985)
Formation : En 1940, à 19 ans, il s'engage dans le programme Jeunesse et Montagne, où il rencontre Lionel Terray.
Carrière : Devient guide de haute montagne à Chamonix, réalisant des ascensions majeures dans les Alpes et l'Himalaya.
Impact : Influence la génération d'alpinistes d'après-guerre par ses techniques et son enseignement.
Source : Wikipedia
2. Lionel Terray (1921–1965)
Formation : Également engagé dans Jeunesse et Montagne, il développe ses compétences en montagne aux côtés de Rébuffat.
Carrière : Devient l'un des plus grands alpinistes français, avec des ascensions dans les Alpes, l'Himalaya et les Andes.
Impact : Auteur du livre "Conquistadors de l'inutile", il inspire de nombreux alpinistes.